par Patrick Ravaisson
Ce qui frappe dans le dernier événement de l’arraisonnement de la flottille destinée à Gaza, c’est l’unilatéralité anti-israélienne dans les réactions à travers le monde. C’est toujours la faute d’Israël !
Quoi que fasse Israël, il a toujours tort, et la critique unilatérale trouvera toujours la petite bête à Israël sans jamais parler des crimes de l’autre camp.
Exemples :
- Tsahal tue des « pacifistes » d’un « convoi humanitaire ».
Donc Israël est un régime barbare coupable, au pire, de « crime de guerre», ou, au mieux, d’une maladresse criminelle.
Mais les mêmes accusateurs font silence sur les raisons du blocus de Gaza, sur le régime criminel du Hamas qui bombarde les civils israéliens, massacre les palestiniens du Fatah, est la base terroriste avancée de l’Iran dans la région. Silence sur les liens de l’organisation « humanitaire » avec les islamistes violents, l’Iran, Al Quaïda ; sur leur volonté déclarée de provocation et d’affrontement avec Tsahal ; sur leur refus de tout compromis.
- L’opération à Gaza en 2009 : Israël est coupable de «réaction disproportionnée», de «génocide», de tuer des civils innocents, des femmes et des enfants. Mais rien n’est dit de la tactique du Hamas qui utilise les civils comme « boucliers humains », qui utilise les écoles et les hôpitaux comme bases de tir ; rien sur les raisons de l’intervention, oubliés les tirs longtemps impunis du Hamas sur les civils israéliens.
- La barrière de sécurité : honte à Israël coupable d’édifier un mur, quand l’Europe fait tomber celui de Berlin ; Israël coupable d’Apartheid ; Israël coupable d’inhumanité en séparant des familles ; Israël coupable d’imiter les camps de concentration en enfermant des civils innocents…Mais rien sur les multiples attentats terroristes qui ont ensanglanté Israël et justifié cette protection efficace ; rien sur l’incapacité ou le manque de volonté de l’Autorité palestinienne d’empêcher ces attentats ; rien sur la cruauté de ces « kamikazes » bien plus grave et barbare qu’une simple « séparation ».
On pourrait multiplier les exemples à l’infini et remarquer chaque fois cette flagrante unilatéralité. Notons une aggravation de cette unilatéralité dans la récente condamnation mondiale et hystérique de l’arraisonnement de la flottille. Un degré supplémentaire et extrême est franchi dans le lynchage médiatique d’Israël seul coupable des crimes les plus graves. Quelle étape suivante dans l’escalade ? Ne reste que le lynchage physique d’Israël, et des Juifs dans la foulée.
Distinguons enfin différents types d’unilatéralisme anti-israélien.
- Israël toujours coupable des pires crimes de guerre et de génocide, barbare et cruel, nouveau régime nazi. On aura reconnu ici la mauvaise foi et l’excès des islamistes et autres partisans de la destruction d’Israël, et de tous les Juifs dans la foulée.
- Israël toujours coupable de maladresse ou d’extrémisme. On trouvera ici les « amis » d’Israël qui, au nom de cette amitié et de l’intérêt d’Israël, passent leur temps à dénoncer les travers de la politique ou des opérations militaires d’Israël, à pétitionner et à juger, à conseiller et à condamner unilatéralement, considérant que c’est toujours à Israël à s’amender et à faire des efforts pour la paix.
Les torts des Palestiniens, de la Syrie, du Hezbollah, de l’Iran, etc., sont passés sous silence, considérés comme « allant de soi », implicites, donc inutile d’en parler. Le résultat objectif est le même : Israël toujours coupable de ne pas construire tout seul la paix en refusant de tout concéder à ses ennemis, sans qu’eux, en revanche, n’aient à faire le moindre pas. Si le Hamas, le Hezbollah, la Syrie, l’Iran, la Turquie demain ( ?) veulent la destruction d’Israël, c’est la faute d’Israël qui ne sait pas y faire ou y met de la mauvaise volonté. Ces juges « amis d’Israël », se trouvent chez les intellectuels juifs ou non, la gauche européenne ou américaine, et les pacifistes israéliens.
- Troisième type d’unilatéralisme anti-israélien : celui du camp de la peur, je veux dire les gouvernements et l’opinion européenne. L’Europe est devenue l’otage de l’islamisme : peur de perdre le pétrole et les capitaux arabes, peur de ses banlieues explosives, peur de son passé colonial, peur de la rue arabe. L’Europe redevient munichoise : la peur du plus fort et du plus violent conduit à s’acharner sur le plus faible, sur l’ami isolé qui ne peut plus se défendre dans l’hostilité générale. Peur et lâcheté générale qui provoqua l’abandon de la démocratie tchèque en 1939 par ses alliées démocratiques, la France et l’Allemagne, qui préférèrent un arrangement avec une Allemagne menaçante. Croyant avoir la honte pour éviter la guerre, ils eurent et la honte et la guerre. Alors, il faut qu’Israël ait toujours tort, devienne le bouc émissaire pour conjurer la grande peur de l’Europe : sacrifier le plus faible au plus fort ; livrer l’ami faible à l’ogre menaçant, dans l’espoir illusoire de l’apaiser.
Ce texte ne convertira pas les ennemis d’Israël, de la démocratie et de la paix. Je n’ai aucune illusion sur leur mauvaise foi et leur haine d’Israël.
Mais puisse-t-il faire réfléchir les « amis d’Israël » quand ils hurlent avec les loups : oui, Israël est faillible, critiquable, et les Israéliens sont les premiers à le faire avec virulence ; mais il est parfois nécessaire de taire un moment ses querelles amicales, ou de se faire discret, si l’on ne veut pas se voir enrôler, bon gré mal gré, dans le lynchage médiatique d’Israël. Et risquer de le regretter plus tard.
Mieux : que les « amis d’Israël » mettent toute leur énergie à traquer et dénoncer les torts et les crimes bien plus graves du Hamas, du Hezbollah, de la Syrie, de l’Iran, de la Turquie, du Soudan, etc. Sans doute la tâche est-elle vaste et lourde. Mais tellement plus juste et utile qu’un facile unilatéralisme anti-israélien. Juste pour rappeler parfois que tous les torts ne sont pas du côté d’Israël.
Quant aux victimes de la grande peur européenne, qu’ils sachent qu’après Israël et les Juifs, c’est leur tour qui viendra inéluctablement ; que la lâcheté n’a jamais protégé personne ; qu’ils doivent cesser de jouer les autruches et regarder leur passé et leur présent en face pour comprendre ce qui les attend ; qu’ils doivent cesser de rejouer Munich. Israël n’est pas le coupable désigné d’avance ! Au contraire : son respect du droit, des lois et de la démocratie le rend à la fois plus vulnérable que les dictatures, et devrait obliger à retourner l'accusation contre ses ennemis.
Mais le monde est-il encore à l'endroit?
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