samedi 10 février 2007

Schizophrénie palestinienne

9.02.2007 - Tout comme l’accueil triomphal réservé à Arafat à son retour de Camp David parce qu’il n’avait “rien cédé”, l’annonce du gouvernement d’union faite depuis La Mecque a déclenché des manifestations de liesse dans la rue palestinienne.

“Le Hamas et le Fatah s'accordent à La Mecque
Mahmoud Abbas, Ismaël Haniyeh et le leader du Hamas, Khaled Mechaal, sont parvenus, hier, à un accord de gouvernement d'union censé mettre un terme aux violences qui ont tué 90 personnes depuis décembre. Haniyeh, du Hamas, prend la tête du gouvernement, avec 8 ministères pour son parti contre 5 pour le Fatah. Les ministères des affaires étrangères et de l'intérieur seront confiés à des indépendants. Le texte ne reconnaît ni Israël ni les accords israélo-palestiniens et le Hamas a refusé de renoncer à la violence. A Gaza, l'annonce a été saluée dans les rues par des feux d'artifice. Abbas doit retrouver Olmert et Rice le 19 février pour relancer le processus de paix.”

Or, qu’y a-t-il de si réjouissant dans cette “accord” ? À sa lecture, on croit rêver: aucune ouverture, aucune évolution. Rien qu’une volonté d’enfermement politique schizophrène. À croire que les Palestiniens aiment se réjouir des situations sans issue.

“Relancer le processus de paix” ? Mais avec quelles propositions: l’absence de reconnaissance de son interlocuteur ? Le refus d’entériner les accords passés ? Le renforcement de la violence ?

L’UE “hésite à prendre position” sur la déclaration commune pour reprendre son financement. Quant à l’Arabie saoudite, qui a hébergé et produit cette mascarade, elle continue à se jouer du peuple palestinien, comme elle le fait depuis 60 ans. Étonnant de constater comment un peuple fier et réputé intelligent réussit encore à se laisser manipuler aussi facilement. Le seul peuple au monde à avoir obstinément refusé toute solution viable au problème de ses réfugiés.

Outil politique pour les uns, pantins à bon marché pour les autres, les leaders palestiniens se suivent et se ressemblent, privilégiant toujours le sacrifice des leurs plutôt que d’envisager la moindre concession à leur obsession mortifère.

Trop de jeunes sont morts de part et d’autre et j’éprouverais certainement plus de compassion s’ils n’étaient pas aussi nombreux dans leur constance à entretenir le culte de la haine et de la violence. Depuis le jardin d’enfants jusqu’aux ceintures explosives.

Pour sortir de cette impasse, il faudra bien qu’un jour un homme ou une femme visionnaire se détache du rang et, tel un Anouar El Sadate, prenne le chemin de Jérusalem avec l’âme sereine et la paix dans le coeur.

Le peuple Palestinien ne pourra faire des projets, bâtir un avenir pour ses enfants et s’échapper de cette spirale infernale qu’en acceptant de sortir de la dépendance névrotique dans laquelle il s’est lui-même enfermé.

Il lui faut pour cela cesser d’endoctriner ses enfants, reconnaître son voisin, s’ouvrir au dialogue, plutôt que de compter sur l’aide internationale et la bénédiction de ses “frères”, qui les regardent s’étourdir dans une sarabande absurde qui fête déjà ses nouveaux “martyrs”.

Albert CAPINO

Schizophrénie : psychose menant à la rupture du contact avec la réalité.

mercredi 7 février 2007

Négociations, ou obsessions saoudiennes?

6.02.2007 - Des négociations très âpres s’annoncent pour les semaines à venir. Peut-on même employer le terme de “négociations” quand on analyse les éléments ?

Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a annoncé, dans une missive adressée au président américain:

  • que le sommet qui doit se tenir aujourd’hui à Riyad “satisfaisait la plupart des objectifs que s’étaient fixés la diplomatie américaine”.
  • que le gouvernement d’union palestinien serait mené par une personnalité neutre à la place d’Ismaïl Hanyeh et que les portefeuilles principaux iraient au Fatah ou à des indépendants.

À la clef, et sans attendre les réactions des Américains, Abdallah a déjà annoncé que si l’embargo économique n’était pas levé à l’issue du sommet, l’Arabie saoudite se substituerait pour le financement de l’administration palestinienne, à hauteur d’un milliard de dollars.

Le gouvernement saoudien mène un grande campagne de séduction à l’intention des membres du quartette, qui ont reçu une copie de la lettre adressée au président Bush, mais veut aussi faire pression sur Israël pour accepter de dialoguer avec le Hamas.

On s’étonne de la tonalité optimiste du contenu de la “médiation” saoudienne, quand on sait qu’elle s’accompagne d’un refus de reconnaître les accords antérieurs: “le nouveau gouvernement n’acceptera pas les accords antérieurs, y compris les accords de paix que l’OLP a signés avec Israël. Le nouveau gouvernement formé à l’initiative de La Mecque ‘respectera’ uniquement ces accords, mais sans les accepter”.

Cette nuance est révélatrice d’un marché de dupes qui ne devrait tromper personne. On ne peut plus parler, dès lors, “d’initiative de paix” désintéressée, mais d’une forte pression interventionniste de la part des Saoudiens.

Le Premier ministre israélien Ehoud Olmert doit rencontrer le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas dans la semaine du 19 février, à l'occasion d'une visite dans la région de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, a annoncé mardi Miri Eisin, porte-parole du chef du gouvernement israélien.

Les discussions sont destinées à “relancer le processus de paix pour tenter de parvenir à un accord final et à la création d'un Etat palestinien indépendant”. (AP)

Compte tenu des auspices sous lesquelles se présente “l’initiative de La Mecque”, et du fait que des responsables palestiniens sont attendus cette semaine à Washington pour préparer cette rencontre, on peut légitimement prévoir que la prochaine entrevue avec Olmert sera assortie d’une proposition musclée de la part de Condoleeza Rice. [ voir la transcription de sa conférence de presse à Londres le 18 janvier dernier ]

Par ailleurs, les activités nucléaires de l’Iran ne semblent pas émouvoir outre mesure les membres du “quartette”, parmi lesquels la Russie et la France se refusent toujours à considérer le Hamas et le Hezbollah comme des organisations terroristes.

On entrevoit clairement que si une pression internationale faisait le forcing pour qu’aboutisse un tel “deal”, cela signifierait qu’un gouvernement d’union palestinien adoubé par l’Arabie saoudite verrait un nouveau financement s’ajouter à celui de l’Iran. Cela laisserait la main libre au Hamas pour intensifier un effort de guerre au sein du nouveau gouvernement et entamer un conflit régional depuis Gaza, coordonné avec le Hezbollah depuis le Liban, tous deux agissant par procuration pour l’actuel gouvernement iranien.

La Syrie, quant à elle, mène de front des approches souterraines dans la perspective d’une éventuelle issue pacifique tout en se réarmant massivement auprès des Russes. Assad se donne donc toute latitude pour agir dans des directions radicalement opposées, en fonction d’où viendra le vent...

L’Europe ne peut se permettre d’adopter une conduite qui serait dictée par ses seuls intérêts économiques ou pétroliers, sans tenir compte des risques géo-stratégiques auxquels elle s’exposerait. Les circonstances ne sont pas aujourd’hui les mêmes que celles qui ont conduit l’Empire britannique à se dégager de son mandat en Palestine il y a soixante ans, dans des conditions largement influencées par la fourniture de pétrole saoudien à bon marché.

La paix a certes un prix, mais la survie d’Israël ne peut ni ne doit être bradée en tirant profit d’un moment où la direction du pays est particulièrement fragilisée par les scandales qui l’agitent.

Les conséquences seraient lourdes, car ce sont les dispositions qui régissent la sortie de crise au Moyen-Orient qui détermineront le futur niveau de sécurité et d’indépendance en Europe. Il serait absurde et dangereux de croire qu’en pressant Israël d’accepter “l’initiative saoudienne”, le vieux continent recevrait un “certificat de bonne conduite” permettant d’assurer à ses populations un avenir serein.

La poursuite du programme nucléaire iranien, le réarmement du Hezbollah et l’entreprise de camouflage que représente l’intégration du Hamas au sein d’un gouvernement d’union palestinien, constituent autant de démentis criants.

Albert CAPINO

lundi 5 février 2007

Des Palestiniens blessés dans les combats entre le Hamas et le Fatah sont soignés en Israël

ASHKELON, Israël (AP) - Des victimes palestiniennes du violent conflit entre partisans du Fatah et du Hamas dans la Bande de Gaza reçoivent actuellement des soins médicaux dans des établissements hospitaliers en Israël, leur ennemi traditionnel.
Au total, dix personnes blessées dans les affrontements sont venues en Israël pour y être soignées, dont huit dans le centre médical Barzilai à Ashkelon. La ville côtière se trouve à cinq kilomètres seulement de la Bande de Gaza, où 31 personnes ont été tuées et plus de 230 blessées en cinq jours lors des plus récents combats entre militants de factions rivales.
S'ils expriment de la reconnaissance pour ces soins, les Palestiniens en convalescence au centre médical Barzilai ont encore des difficultés à accepter que des médecins israéliens s'occupent de leurs blessures.
Par le passé, des Palestiniens ont été évacués vers des hôpitaux israéliens pour y être soignés, mais en général, il s'agissait de personnes gravement blessées dans des attaques de soldats israéliens ou souffrant de problèmes de santé ne pouvant pas être soignés dans la Bande de Gaza.
D'après Shlomo Dror, un porte-parole de l'armée, des milliers de Palestiniens sont autorisés chaque année à entrer en Israël pour y bénéficier d'un traitement médical..
Mais c'est la première fois, semble-t-il, qu'Israël soigne des victimes d'affrontements interpalestiniens, un symbole de l'ampleur qu'a pris le conflit dans les Territoires.
"L'hôpital où j'étais à Gaza n'était pas sûr. Il y avait des combats près de l'hôpital. Il y avait même des combats à l'intérieur de l'hôpital. Nous aurions pu être touchés par balles", témoigne Taoufik Ladou, un comptable de 23 ans.
Khaled Radi, porte-parole du ministère palestinien de la Santé, précise que des médecins locaux ont envoyé les blessés les plus graves en Israël, où les soins médicaux sont supérieurs. Les noms des personnes concernées sont transmis aux autorités israéliennes, qui doivent donner leur feu vert avant l'entrée des blessés.
Le Dr. Shimon Scharf, directeur médical à Barzilai, souligne qu'aussi longtemps que l'établissement disposera de lits vacants, ses équipes soigneront des Palestiniens blessés, quel que soit leur état.
"Nous ne demandons" rien, "nous ne faisons pas de différences. Mon souci concerne le budget, pas le nombre de victimes", dit-il. AP

Crédits photos: ASSOCIATED PRESS PHOTOGRAPHS




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