jeudi 19 juin 2014

Trois ans pour prévenir le chaos

 par Alain Legaret

L’antisionisme, c’est le droit d’être antisémite envers les juifs d’Israël.

C’est une activité tolérée en France. En principe, c’est l’os à ronger offert aux antisémites pour qu’en contrepartie, ils s’abstiennent de toucher aux juifs qu’ils ont sous la main. En principe seulement.

Parce que l’antisémitisme en France, c’est comme le chômage : il est tellement ancré dans le pays qu’on n’imagine pas s’en débarrasser. Alors on trouve des techniques pour qu’il se voit moins.

En taillant à Israël un costume de diable, les antisionistes passent alors pour des gens sympathiques, protecteurs de la veuve et de l’orphelin. En effet, quoi de plus honorable que de s’opposer au diable ?

Et ça fait 40 ans que cette situation perdure. Le choc pétrolier de 1973 vit la France troquer sa morale contre quelques gouttes de pétrole. Depuis cette période, et afin d’éviter de vivre une véritable dichotomie, elle s’emploie à noircir l’Etat juif pour aligner la conscience nationale sur ses choix.

Coincée entre son passé collaborationniste et sa politique arabe, la France commença alors sa propagande anti-israélienne en faisant attention de ne pas tomber dans l’antisémitisme. L’exercice était périlleux mais praticable du moment que le gouvernail restait entre les mains du pouvoir politico-médiatique. Toute mauvaise manœuvre pouvait être corrigée dès le lendemain.

Le sort d’Israël ne méritant pas d’ériger des barricades dans Paris, les Français suivaient les élites, exprimant tout au plus leur désapprobation au café de la gare ou lors du repas de famille. Cela dura jusqu’à ce que le peuple fût dompté et qu’Israël fut reconnu unanimement comme un Etat nuisible.

Mais c’était sans compter sur l’avènement d’internet et l’explosion des médias sociaux des années 2000. L’antisionisme savamment organisé et contrôlé par le pouvoir lui échappa soudain. Il n’était plus l’exclusivité des élites. La parole se libéra et les dérapages antisémites se firent fréquents. Ce phénomène, combiné à l’accroissement exponentielle d’une population arabo-musulmane traditionnellement hostile aux juifs (dans les pays arabes, on emploie couramment le mot "yahud", juif, pour israélien), a créé un cocktail explosif.



Les élites politico-médiatiques n’ont apparemment pas saisi les changements d’un contexte sur lequel ils n’avaient plus le contrôle. Ils ont tout bonnement continué à dénigrer Israël tel qu'ils l'ont fait pendant 30 ans. Par un phénomène d’auto-persuasion, certains d’entre eux en sont devenus judéophobes et ont nourri les citoyens de leurs idées. Chacun de leurs coups de griffe venant écorcher Israël et les juifs publiquement, fut multiplié par dix ou par cent sur internet. La parole antisémite a pris alors la forme d’intimidations, de violence, et enfin d’assassinats.

Désormais, la France a trois ans pour changer les choses. L'histoire nous enseigne que la résurgence de l'antisémitisme est un indicateur qui a toujours été le prélude à des catastrophes, et pas seulement pour les juifs. 
La France étant un pays-clé de l'édifice européen, son basculement vers les extrêmes aurait pour conséquence un séisme dont la magnitude reste du domaine de l'inconnu. 

La poussée populiste aux dernières élections européennes montre que la classe politique traditionnelle reste sourde aux inquiétudes réelles des Français. Ce n'est pourtant pas les avertissements qui ont manqué depuis les élections présidentielles de 2002. Les élites politico-médiatiques déconnectées du peuple, sont dépassées. Elles minimisent l’importance du succès obtenu par le Front National, par cécité machinale ou par manque de courage de devoir affronter des problèmes qui les effraient. Elles ont opté pour le déni, refusant de voir la France au bord du précipice vers lequel elles l’ont amenée.

Tout le pays est tombé les pieds joints dans le piège du prétendu conflit opposant les Le Pen entre eux. Curieusement aucun des grands médias n’a évoqué la possibilité d’une sublime manœuvre politique qui sacrifierait le père antisémite afin de redonner au parti de la fille toute sa respectabilité. Peut-être que la presse a déjà intégré que le prochain président sera une présidente, et qu’elle a dès lors choisi de lui servir la soupe en jouant son jeu.

Quoiqu’il en soit, pour changer le sort de la France, il faut des actions fortes. Exceptionnelles. Et pourquoi pas un gouvernement d’union des partis traditionnels derrière Manuel Valls qui aurait alors les coudées franches pour enfin s’attaquer aux problèmes qui préoccupent vraiment le peuple français trop longtemps ignoré? L’idée ne serait pas saugrenue pour une classe politique qui pourrait s’évanouir sans même avoir livré bataille.

Trois ans passent vite. Les mesures doivent être concrètes et à la hauteur du danger qui guette le pays.

Le cas échéant, coincés entre un antisémitisme de droite et un antisémitisme de gauche, il ne restera guère de solutions aux juifs de France. Ils devront prendre leurs dispositions pour ne pas avoir à se retrouver devant ce choix cornélien lors des élections présidentielles de 2017.


© copyright Alain Legaret pour Le Monde à l'Endroit

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Les juifs de ce pays ont deja tourné la page , ils regardent desormais vers l est et leur vrai pays qu est Israel , le sort de la france est entre les mains de la nouvelle population franco islamisée :probablement un recul comme rarement l histoire en a connu

jcg a dit…

Désolé, trop tard pour la france, comme on fait son lit on se couche .

Anonyme a dit…

Non. Je refuse de me coucher. Je résisterais coute que coute. Quite à en mourir ! Je ne suis pas de ces francais qui ont collaboré avec l'ennemi. Nous nous battrons et au final nous vaincrons! Vive la France ! Vive Israel ! A bas le fachislmamise islamiste !
Un judéo chrétien lucide.

Anonyme a dit…

Peuple juif de France... Nous serons à votre côté !
Halte à l'Islamise ! L'Islam est devenue le mal absolue sur toute la terre. Soyons fort ! Battons-nous contre cette barbarie moyen-ageuse !
Que perdure notre civilisation judéo chrétienne !!!

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