mardi 11 août 2015

Non à Tel-Aviv sur Seine

Par Alain Legaret

Franchement, en tant que parisien, comment ne pas s’opposer à la tenue à Paris de la journée intitulée “Tel-Aviv sur Seine”? Croyez-vous que c’est agréable pour un français de vivre à l’heure israélienne?


Imaginons ne serait-ce qu’un instant qu’on nous propose, à nous autres israéliens, de tenir une journée intitulée “Paris sur Yarkon” ici-même à Tel-Aviv.


Serions-nous capables, ne serait-ce qu’un laps de temps si court, de nous comporter comme des parisiens? De laisser par exemple une femme se faire importuner dans la rue sans réagir?


Pourrions-nous ne serait-ce que 24h, laisser un jeune homme se faire agresser dans un bus par une bande de sauvages en restant immobiles, et détourner nos regards vers la fenetre, vers notre téléphone ou vers notre livre?


Pourrions-nous même pour un temps limité, condamner les démocraties et adouber les dictatures? Accepter que nos médias nous prennent pour des demeurés? Faire semblant de ne pas entendre les cris de “morts aux juifs” lors de manifestations interdites auxquelles, comble de l’outrage, des élus prennent part? Elus qui seraient tous relaxés un peu plus tard?


Serions-nous capables de vivre avec l’armée qui protège les seules écoles juives sans trouver cela insupportable, sans lancer un débat fort sur ce symptôme typique d’une société malade au bord de l’agonie? et s’y habituer, petit à petit. Et crever, petit à petit, sans réagir, sans combattre?


Alors que l’on torture, massacre, viole, décapite, réduit en esclavage des femmes et des enfants par milliers en Syrie et en Irak, serions-nous capables de laisser partir une seule flottille vers Gaza sans ressentir une seconde que l’on est un tout petit peu à côté de la plaque?


Franchement !


Bon alors, faut comprendre à leur tour les parisiens qui n’ont pas envie de se sentir ne serait-ce que 24 heures comme à Tel-Aviv, à devoir aller au théâtre, au café philo ou au concert, à aller à une expo ou aller danser la salsa ou les danses folkloriques dans la rue, et finir dans un des nombreux pubs à l’ambiance anglaise ou irlandaise, restaurants à l’orientale, à la japonaise, ou encore jouer au volley ou de la guitare sur la plage jusqu’à 2 heures du matin. A être les seuls à organiser des marches et des meetings pour la paix et au final, à voir le monde leur préférer les fachos d’en face dirigés par des dictateurs qui n’hésitent pas à pendre, à trainer derrière des mobylettes des cadavres dans les rues, et à lapider des femmes par caprice.


Oui, Parisiens je vous comprends. Vous ne méritez pas de subir la discrimination que subissent à l’année les israéliens. Même pour une seule journée.


Tout comme nous israéliens, n’avons pas envie de de nous sentir ne serait-ce qu’une journée, un tout petit peu antisémite comme beaucoup trop de parisiens.


Et avec tout ça, heureusement que la police de Tel-Aviv n’a jamais jeté un seul arabe dans le fleuve qui traverse la ville. Est-ce que la police parisienne pourrait en dire autant?


Alors, si vous insistez, franchement, restez dans votre Paris sur Seine.
Nous, on garde notre Tel-Aviv sur Yarkon.

La première semble pleine de haine, la seconde est pleine d’amour.



11 commentaires:

Anonyme a dit…

EXCELLENT !!!! Bravo et merci à M. Legaret pour cet article génial, bien vu et drôle !!!!

Anonyme a dit…

Bravo ! Excellent article... Tout bien vu !
Cela nous change des articles qui paraissent QUOTIDIENNEMENT sur le Figaro... Et surtout les commentaires suite a l'article, en grande majorité anti israéliens, voire anti sémites.
Je réponds aux commentaires mais ils ne passent pas toujours, la plupart sont "modérés"...

Giora Hod a dit…

Tres bon !

Anonyme a dit…

bravo pour ce mot plein d esprit (cet esprit qui existait dans notre chere France et qui a laissé la place a la haine , la betise et l 'abrutissement )
je vous rejoins totalement , ce pauvre pays en perdition ne merite désormais plus grand interet , Tel aviv et tout Israel participe au monde de demain alors que malheureusement la France n a plus que son passé

zoro a dit…

Alain l`égaré
Excusez-moi cet apostrophe, vos exemples ne sont pas comparable avec Tel Aviv sur Seine et en plus cela n`oblige personne a être présent et vivre à l`heure Israélienne comme vous le dite.
Tout le reste ces des blablas pour n`avoir rien dit de sérieux. Je ne comprends pas tous ceux qui ont mis un commentaire positif sur votre article. Bien amicalement.


Anonyme a dit…

tant de crétinerie de la part de Français me fascine
rassurez vous beaucoup de nous en France aimons Israel et le faisons savoir
je remercie tel aviv de venir chez nous car c est un honneur que vous nous faites

Unknown a dit…

Bravo!!!
Ce n'est que la stricte vérité, malheureusement!!!!!

henri75012 a dit…

Monsieur Legaret bravo pour votre texte et pour tout le contenu de votre blog,
Nous sommes nombreux à vouloir partager ce texte sur Facebook, mais votre titre est trompeur, car à sa lecture on pense que c'est un texte contre "Tel Aviv sur Seine"... De même sur Google son titre est trompeur
Nous aimerions un titre un peu moins "subtile"... mais qui serait comme un slogan et qui claquerait.
Cordialement
Henri

Anonyme a dit…

congratulazioni,félicitations,felicidades, Glückwunsch, congratulations!

Alain Legaret a dit…

Merci à tous pour vos messages.

Reponse à Henri75012:
Non à Tel Aviv sur Seine?
En ajoutant un point d'interrogation à la fin du titre, ça devrait ôter son côté trompeur sans trop le modifier.

Alain Legaret a dit…

Curieuse synchonicité que ce débat national, 10 jours seulement après ce post, sur le courage des français suite à l'attentat dans le Thalys.

Et comme pour confirmer les dires, l'article ci-dessous d'une anonyme qui raconte l'abandon de la société qu'elle a vécu dans des situations critiques. Le malaise est palpable.


Le Thalys, le harcèlement de métro et l’héroisme ordinaire

Publié: août 22, 2015

Hier, un mec armé d’un cutter, d’une Kalash, d’un gun et d’autres joyeusetés du genre s’est mis à agresser les passagers d’un Thalys. Torse nu, il tire des coups de feu dans le wagon et touche un voyageur à la gorge. Un premier pékin tente de le désarmer en sortant des toilettes, en vain. Deux militaires américains – un rentre d’Afghanistan, l’autre est dans l’Air Force – parviennent à le maitriser. Il est arrêté, les passagers sont pris en charge sur le plan psychologique. Les journalistes débarquent, Bernie Cazeneuve aussi et Jean Hugues Anglade voit son agenda booké pour les trois prochains mois, ce qui ne lui est pas arrivé depuis le finale de Braquo.

Twitter, 13 heures du mat’ : j’en vois qui sont scandalisés que les employés du Thalys se soient enfermés dans une mini-cabine et n’aient pas ouvert quand les passagers terrifiés tambourinaient à la porte. D’autres hurlent à l’humanité dépravée, au sein de laquelle toute empathie a définitivement disparu, que fait la police, pourquoi personne n’est intervenu, inadmissible, heureusement qu’il y avait des GI’s en goguette. Et vas-y que ça part en « mais moi, si j’avais été là, j’aurais au moins ouvert la porte pour protéger les enfants/les handicapés/ceux qui ont une carte Vermeil ». Et « mais quand même, ils auraient pu faire quelque chose, c’est ce que j’aurais fait, c’est clair ». Et des « mais c’est HUMAIN, on ne peut pas laisser des gens en danger se débrouiller face à un mec armé jusqu’aux dents, faut être solidaires ». Et aussi « non-assistance à personne en danger, c’est criminel ».

Du coup, ça me fait doucement marrer – d’autant plus que personne n’est mort et que par ailleurs, il n’avait pas l’air d’avoir bien suivi sa formation de terroriste, le mec. En fait, ça me rappelle la bonne dizaine de fois où on m’a agressée dans le métro/RER/bus/Noctilien et où personne n’a bougé d’un poil, alors qu’apparemment les trains – les Thalys en tous cas – sont remplis de héros ordinaires qui ne demandent que ça, d’intervenir.

2010 : Nogent sur Marne, 22h00, j’attends le bus. Il y a une dizaine de personnes qui poireautent avec moi, j’ai mes écouteurs, je m’en bats, je m’adosse à un poteau et j’écoute Booba. D’un coup, je sens que quelqu’un m’attrape par derrière, par la taille puis par les cheveux, et pose un truc froid contre ma gorge. Le mec m’insulte (je vous passe les détails, c’était pas super original), me dit que si je bouge ou si je crie, il me plante. Qu’il veut juste toucher mon cul de pute et que je la ferme. Je suis en panique, je fais ce qu’il dit, je bouge pas, mais je jette mon meilleur regard de Bambi au jeune mec de l’autre côté du poteau. Il me regarde dans les yeux, prend un air désolé – le même que font les gens quand il y a un type qui fait la manche mais qu’ils ne veulent rien donner – et se remet à trainer sur FB. De l’autre côté, dans mon champ de vision, il y a un type d’une quarantaine d’années, plutôt baraque, en pantalon à pinces beige. Nos regards se croisent...

la suite sur http://puisquejevousledis.wordpress.com/2015/08/22/le-thalys-le-harcelement-de-metro-et-lheroisme-ordinaire/

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