lundi 8 novembre 2010

La terreur de l'Europe

par Alain Legaret

Ce texte date de 2002. Il a été écrit pendant la deuxième Intifada.
Suite à la refonte de plusieurs sites web, il avait pratiquement disparu d'internet. Nous le remettons en ligne ici.



Ah comme ils sont pittoresques nos Corses, nos Basques ou nos Irlandais avec leurs petits chapardages ! Un garde civil par-ci, un gendarme par-là, ou encore un petit incendie de voiture...

Ils font partie, en quelque sorte, du folklore européen. Avec leurs actions d'enfants de chœur, ils espèrent ainsi faire connaître au monde leurs revendications. Quelle naïveté!

Mais faut pas hésiter, les gars, faut être ambitieux : la cruauté on vous dit, il n'y a que ça qui paie!

Allez par exemple vous faire exploser dans les métros, ou au café de Flore, au Cardo, ou encore à Trafalgar Square : là on commencera à vous prendre au sérieux. Poursuivez avec les Jeux olympiques, ou le Mondial de football, où vous massacrerez quelques athlètes sanguinaires. Faites sauter des avions, ou encore quelques petits bus rouges à deux étages, ça, ça nous ferait de somptueux carnages !

Attaquez des églises à Madrid, des crèches à Paris, des écoles à Londres, où vous décimerez des classes entières. Mitraillez à la terrasse du Fouquet's, ou dans les rayons de Harrod's ou de Zara, un jour de soldes.



Visez particulièrement les femmes-colons enceintes à San Sebastian, les enfants-colons dans leur lit, à Dublin, ou les bébés-colons qui vous menacent, à Bastia. N'épargnez pas les vieillards qui, après tout, n'attendent que la mort.

Et si vous n'arrivez pas à les réduire en chair à pâté, allez les mutiler : faites-en des infirmes, des défigurés, des sans visage, des sans bras ou des sans jambes.

Faites en un maximum, puisque c'est vous les malheureux !

Recommencez tous les jours, ou presque, et c'est le succès assuré. Vous afficherez, aux yeux du monde, votre désespoir. Plus vous serez immondes, plus votre désespoir sera profond. Vous aurez alors accès à la tribune de l'ONU. Vous serez reçus par les grands de ce monde. Vous ne serez plus affublés du terme rétrograde - de 'terroriste' mais on vous baptisera désormais 'combattant', voire 'résistant'.

D'autant plus que vous ne risquez pas grand-chose de ceux qui sont toujours prêts à capituler dès qu'on leur montre un peu les dents. Ces puceaux de l'horreur - comme les aurait surnommés Céline - nous enseignent tous les jours que les représailles, c'est pas bien. Qu'elles sont la cause des attentats. Qu'il faut gentiment attendre le prochain carnage.

Ils s'indignent, à juste titre, quand la Marseillaise est sifflée, mais ensuite, ils condamnent les Israéliens, lorsqu'ils forment leurs bataillons pour combattre les féroces barbares, qui viennent, jusque dans leurs bras, égorger leurs fils et leurs compagnes.

C'est à n'y rien comprendre.

Sacrée Europe, assise tranquillement dans son rocking-chair, et qui, malgré son histoire tumultueuse, se donne des airs de respectabilité ; cette veille femme qui fait la morale, mais qui n'hésite pas, dans ce bordel de monde, à se donner au plus offrant.

L'Europe, éternelle jalouse, qui se défoule sur Israël parce que l'Amérique est beaucoup trop forte pour qu'on lui tape dessus.

Je les entends déjà m'accuser d'incitation au meurtre. Toujours les mêmes. Ceux qui ont transformé Arafat en icône, ceux qui boivent ses paroles, au point de le croire même quand il leur dit que le ciel est vert.

Ceux qui s'érigent en témoins, mais qui ne relatent que les rumeurs qui les arrangent. Ceux qui posent en juges et dissimulent les preuves qui les dérangent. Ceux qui, d'avance, ont choisi leur coupable pour expier leurs fautes, ou couvrir leurs intérêts; et qu'importe la justice !

Tous ceux qui ont reconnu le terrorisme comme une forme d'expression politique qui confère des droits, parce qu'elle leur fait si peur. Ceux qui à force de baisser la tête, ne voient pas le mur vers lequel ils se dirigent et contre lequel ils nous entraînent avec eux.

A tous ceux là, qui pourraient m'accuser d'incitation au meurtre, je dirai : « après vous ». Eux, les complices de génocide qui font achever le travail par d'autres. Aujourd'hui, on ne brûle plus les juifs dans les fours crématoires, mais dans les autobus. Dans la même indifférence. Et gare à eux, s'ils se défendent.

Alors combattants du monde, prenez donc exemple sur Monsieur Arafat.
L'auteur de la plus fabuleuse manipulation génétique - qui a transformé le ventre de la femme arabe en une fabrique de bombes.
Lui qui considère son peuple comme un vulgaire tas de munitions.
Lui qui a fait assassiner Daniella, 5 ans.
Qui a amputé de ses deux jambes Jérémie, 2 ans.
Qui a changé en légume la jeune Sarah, 20 ans, par un clou planté dans son cerveau... Un clou financé, peut-être, avec les taxes perçues sur le plein d'essence que j'ai fait hier.

J'en ai la nausée.

Soyez tranquilles, amis européens, vous êtes en sécurité. Nos Corses, nos Basques et nos Irlandais feront toujours preuve de clémence :

Ils n'ont pas ce goût du sang, qui met les tueurs en fête quand la mort s'abat sur le monde.



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