L’antisionisme, c’est le droit d’être antisémite envers les juifs d’Israël.
C’est une activité tolérée en France. En principe, c’est l’os à ronger offert aux antisémites pour qu’en contrepartie, ils s’abstiennent de toucher aux juifs qu’ils ont sous la main. En principe seulement.
Parce que l’antisémitisme en France, c’est comme le chômage : il est tellement ancré dans le pays qu’on n’imagine pas s’en débarrasser. Alors on trouve des techniques pour qu’il se voit moins.
En taillant à Israël un costume de diable, les antisionistes passent alors pour des gens sympathiques, protecteurs de la veuve et de l’orphelin. En effet, quoi de plus honorable que de s’opposer au diable ?
Et ça fait 40 ans que cette situation perdure. Le choc pétrolier de 1973 vit la France troquer sa morale contre quelques gouttes de pétrole. Depuis cette période, et afin d’éviter de vivre une véritable dichotomie, elle s’emploie à noircir l’Etat juif pour aligner la conscience nationale sur ses choix.
Coincée entre son passé collaborationniste et sa politique arabe, la France commença alors sa propagande anti-israélienne en faisant attention de ne pas tomber dans l’antisémitisme. L’exercice était périlleux mais praticable du moment que le gouvernail restait entre les mains du pouvoir politico-médiatique. Toute mauvaise manœuvre pouvait être corrigée dès le lendemain.
Le sort d’Israël ne méritant pas d’ériger des barricades dans Paris, les Français suivaient les élites, exprimant tout au plus leur désapprobation au café de la gare ou lors du repas de famille. Cela dura jusqu’à ce que le peuple fût dompté et qu’Israël fut reconnu unanimement comme un Etat nuisible.
Mais c’était sans compter sur l’avènement d’internet et l’explosion des médias sociaux des années 2000. L’antisionisme savamment organisé et contrôlé par le pouvoir lui échappa soudain. Il n’était plus l’exclusivité des élites. La parole se libéra et les dérapages antisémites se firent fréquents. Ce phénomène, combiné à l’accroissement exponentielle d’une population arabo-musulmane traditionnellement hostile aux juifs (dans les pays arabes, on emploie couramment le mot "yahud", juif, pour israélien), a créé un cocktail explosif.